Rozy côté art : portrait d’Isabelle

Aujourd’hui, nous vous emmenons à la rencontre d’Isabelle, une femme inspirante et une artiste passionnée. Découvrez son parcours, ses créations et comment son art, à l’image de Rozy, éveille les sens et la créativité !

Chère Isabelle, pouvez-vous nous raconter votre parcours professionnel ? 

Originaire du Roussillon et héritière d’une longue tradition familiale de vignerons, j’ai entamé des études de chimie appliquée et biologie végétale.

Ma passion pour le vin et les arômes m’a conduit jusqu’a la faculté d’œnologie de Bordeaux, où sous la direction du professeur Denis Dubourdieu, j’ai réalisé une thèse de doctorat sur l’origine de l’arôme des Vins Doux Naturels de type oxydatif.

Ses travaux ont abouti à la mise en évidence du sotolon, molécule marqueur, entre autres de l’arôme « rancio » des vins. Le sotolon est aujourd’hui utilisé comme un marqueur de vieillissement prématuré des vins blancs.

Ces recherches m’ont permis de devenir une spécialiste des phénomènes d’oxydation des vins, et ont été reconnues avec de nombreux articles publiés dans des revues internationales. Ces travaux de thèse de doctorat ont également reçu le Grand Prix 1999 de l’Académie Amorim.

Après une expérience d’enseignant chercheur d’un an à la faculté d’œnologie de Bordeaux, j’ai assuré par la suite, le poste d’ingénieur de recherche, puis celui de responsable du laboratoire d’œnologie chez Baron Philippe de Rothschild S.A. Pendant quatre années dans cette prestigieuse maison, j’ai travaillé à la mise au point de nouvelles techniques d’analyse en laboratoire et j’ai expérimenté certains outils technologiques de vinification.

Forte de cette expérience, en 2004, je reviens, sous l’impulsion de Jean Riere, en Pays Catalan, dont je suis originaire et où j’assure des missions de conseil œnologique et scientifique.

Suite à la fermeture du laboratoire RIERE que j’ai cogéré pendant 17 ans, j’ai souhaité garder un souvenir de ce laboratoire d’œnologie dans lequel je m’étais investi.  L’objet totem sera le filtre papier utilisé dans les laboratoires d’œnologies pendant les vinifications pour analyser les moûts en fermentation. Complètement autodidacte, j’ai commencé à détourner ces filtres que je nomme des « Wineacrylics » (WA).

Quel rôle le vin joue-t-il dans votre art, au-delà d’être une matière première ?

Il est une véritable source d’inspiration. Au-delà de mes créations artistiques, j’ai toujours considéré que l’élaboration du vin en tant que tel est déjà de l’art ! En effet la réalisation des cuvées à partir d’assemblages de matières différentes demandent une part de créativité et une véritable sensibilité. Et je crois que c’est cela qui m’anime, la créativité et la recherche constante de nouvelles voies d’expression.

Ici on parle de mes Wineacrylics mais j’éprouve la même sensation lorsque je crée des arômes par exemple pour les Editions Jean Lenoir… Petite déjà, j’étais passionnée par les arômes, les odeurs. Je sentais tout ce qui m’entourait… Enfant, je voulais être nez en parfumerie et j’ai toujours aimé dessiner (fusain, encre de Chine et aquarelle) dès mon plus jeune âge. Quelques années plus tard, mes études de chimie m’ont emmené au Doctorat en œnologie. Et aujourd’hui j’ai réussi à associer ces différentes passions en un seul moyen d’expression (car j’ai réalisé également des WA odorantes…).

Votre technique unique, les « Wineacrylics », allie le vin et l’art. Pouvez-vous nous en dire un peu plus

Après une phase de séchage les filtres sont travaillés à l’acrylique, encre de Chine, gouache, aquarelle…
L’originalité de mon travail est le support qui est peu commun puisqu’il s’agit d’un filtre papier plissé de différents diamètres (30, 40, 50, 80 et 100 cm) utilisé dans les laboratoires d’analyses.
Ces « Wineacrylics » sont réalisées toujours à partir de moût ou de vin blanc, rosé et/ou rouge.
Le filtre est donc imbibé de vin puis est ensuite travaillé avec différentes peintures.
Comme les vins, les toiles sont millésimées. J’ai réalisé beaucoup de WA à partir de vins doux naturels millésimés pour des cadeaux d’anniversaires… Les gens aiment bien l’idée d’offrir le millésime de naissance en WA, c’est original !

J’aime également travailler les lies, les bentonites…, en gros travailler la matière. Sur les 32 créations présentées lors de cette exposition chez Dom Brial trois d’entre-elles représentent bien ce travail.

En fait, je pars d’un substrat, voire un déchet, qui ne fait pas rêver au demeurant, qui est gluant et qui sent fort, mais une fois filtré, séché et travaillé à la peinture, j’arrive à obtenir un objet qui questionne et qui interroge.

C’est ma manière de recycler et de valoriser une matière qui m’a déjà aidé à élaborer les vins, une sorte de boucle de vie du vin…

Quelles sont vos principales sources d’inspiration dans votre travail artistique ?

J’aime beaucoup les dessins de Ruth Asawa qui était une artiste née aux Etats-Unis en 1926 de parents japonais, qui a été marquée par les camps d’internement de nippo-américains et qui a consacré sa vie à éduquer les jeunes par l’art. J’aime la finesse de ses œuvres.

Et enfin je suis extrêmement sensible à l’univers du peintre français d’origine chinoise T’ang Haywen qui a fait le choix dans les années 1960 de travailler essentiellement avec l’encre de chine. Comme lui j’affectionne particulièrement les diptyques.

Quelles femmes vous inspirent dans votre parcours, que ce soit dans le vin, l’art ou ailleurs ?

Question difficile car je m’aperçois que je n’ai pas forcément de modèle féminin et pas de modèle masculin non plus…

C’est peut-être présomptueux de ma part mais je ne crois pas avoir de modèle, à l’exception peut-être de mes parents.

Si vous deviez créer une œuvre totalement libre pour représenter le vin et la féminité, à quoi ressemblerait-elle ?

Mes œuvres me semblent déjà totalement libres et représentatives forcément d’une certaine féminité.

Votre tableau Rozy 2023 est une création unique, inspirée de l’univers de nos rosés bord de mer. Comment avez-vous abordé ce projet ?

Les WA de Rozy 23 représentent une série de 3 créations uniques.

Pour la première, j’ai été inspirée par le maillot en reprenant les codes couleurs de l’étiquette existante.

Pour les deux autres, ce sont des codes couleurs bien plus « flashys » avec des couleurs fluos…l’effet surprise !

L’insouciance d’un été, mon adolescence, aux airs musicaux et la mode des années 80 où le fluo était à la mode.

Ce qui est amusant avec ce genre de création c’est que je suis à l’origine de deux produits, le vin Rozy que je contribue avec les équipes techniques à élaborer en tant qu’œnologue conseil de la cave Dom Brial et la WA. Et ça me plait d’être peut-être là où l’on ne m’attendait pas forcément…

Que vous évoque la cuvée Rozy ? 

Les bars de plages, le soleil, l’été et le farniente… pas très original !

Si vous pouviez choisir l’instant et la personne avec qui déguster Rozy, ce serait

Des copines dans un bar de plage.

Si vous deviez imaginer la prochaine collection Rozy pour 2025, quels motifs ou quelles couleurs aimeriez-vous explorer ?

Justement le maillot fluo ou celui à pois !

Quels sont vos prochains projets artistiques ? Avez-vous envie d’explorer de nouveaux supports ou techniques ?

Alors effectivement, récemment j’ai exploré deux nouvelles techniques en restant toujours sur un support filtre papier mais pas que…

Le premier projet est une adaptation à la « cosmicartwine » en m’inspirant de deux techniques ancestrales qui viennent d’Asie. Il s‘agit du Suminagashi (art japonais datant du 12eme siècle) et l’Ebru (marbrure sur papier turque qui date du 15eme siècle). Ces deux techniques consistent à créer des dessins sur l’eau avec ensuite une impression sur papier ou sur soie.

Pour mes WA je substitue le vin à l’eau !

Et enfin je reviens à l’aquarelle et aux encres liquides sur papier aquarelle mais toujours en substituant le support eau par du vin.

Pour voir Rozy, c’est par ici ! ==> Boutique – Rozy – Dom Brial

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